• Tout au long de la journée, j'étais survoltée à l'idée de revoir Hey Hey My My sur scène. Journée de boulot expédiée, me voilà donc sourire placardé sur la gueule, fonçant dans ma carlingue du diable, rejoindre le fantastique garçon qui partage ma vie.

    Il est vingt-et-une heures, ça caille un peu et nous sommes quatre chats à poireauter devant la billetterie. Ça sent l'urine acide. Ambiance.

    Deux tickets plus tard, la musique de fond s'arrête, des ombres s'agitent sur la scène. Manque de bol, il y a des cuivres. Ça sent le piège de la première partie qu'on attendait pas.

    La chanteuse a un flagrant faux-air de l'improbable progéniture de Cécile de France et Jeanne Azuki. Cette remarquable anecdote aura eu le mérite d'animer la gallerie pendant le set de ce groupe insipide. L'alcool aidant, faut-il le préciser.

    Lorsque la scène s'éteint, l'espoir renaît. Une chevelure folle traverse la scène et nous décolle les fesses alors greffées sur nos sièges depuis trop longtemps. Mazette, on s'est fait couillonnés par un mirage : c'est encore Azuki de France. Putain de rappel à la con.

    Pas bien plus tard, Dieu merci, HHMM déboule enfin. Merci à eux d'abréger toutes ces souffrances auriculaires antérieures. Oui. MERCI.

     



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  • Deux ans plus tôt. Un coin d'herbe et deux camarades de fac.

    A cette époque, je gaspillais mon temps et mon énergie à simuler l'étudiante en Arts. Un rôle qui m'allait assez mal.

    J'ai détesté la fac à l'instant même où j'y traînais les pieds et trébuchais, laissant s'écrouler dans ma chute tous mes idéaux édulcorés de ce que pouvait être ou ressembler la vie étudiante.

    Malgré ces désillusions, j'y retournais deux ans plus tard après avoir simulé l'infirmière. De simulation en simulation, j'aurais pu finir comédienne, mais il n'en est rien.

    Toujours est-il que ce jour-là pour le déjeuner, je me mêlais à ces deux camarades, avec qui je partageais un sourire de circonstances et deux-trois feuilles de cours tout au plus. Histoire d'avoir l'air normale.

    L'une d'elles, voix de crécelle et clope au bec, partageait son enthousiasme pour Mullholand Drive que je n'avais jamais eu l'occasion de voir.

    Cette grande gigue, devenue presque invisible derrière son épais brouillard, vantait le caractère mystique de l'oeuvre Lynchéenne et de son attrait pour les films tellement cool qu'on y comprend rien (sic).

    Malgré le dégoût que m'inspirait le personnage caricatural qui m'adressait ses conseils avisés de cinéphile hors-pair, une certaine curiosité pressante naquit à cet instant précis.

    J'ai toujours repensé à ce déjeuner avec une certaine frustration.

    C'est là, qu'hier, ma vie allait prendre un tournant capital : Lynch dans la télé (acheter un dévédé, mais non voyons).
     Jubilation. Tu vas voir gourdasse, si j'y comprends rien.

    La femme brune se fait renverser et se réfugie dans un appart. Une blonde débarque à Hollywood et la découvre dans la salle de bains. Une autre femme s'appelle Coco. Un blondinet tue trois personnes et un autre type crache un espresso visiblement infect. La brune se fait appeler Rita, comme Rita Hayworth sur l'affiche, puis avoue finalement à la gentille blonde qu'en réalité elle ne se souvient de rien.

    Et moi non plus à vrai dire. Rien, hormis quelques bribes d'un rêve où des ballons de baudruche flottaient dans l'inondation d'une grande baraque où un milliers d'enfants venait patauger.

    Le truc con, c'est que le médoc que j'ai pris pour soigner cette putain de crève m'a tellement assomée, que je me suis littéralement effondrée de sommeil. Au tout début de l'intrigue.
     
    Le projet Mulholland Drive est tombé à l'eau.
     
    Moi aussi, par ailleurs.
     
    Si on veut.

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