•  
    Ses yeux n'ont pas la même couleur que les tiens. Ils sont beaucoup plus clairs, ils n'ont rien à voir. Mais quand je les regarde, c'est drôle parce que c'est toi. Comme un filtre transparent qui viendrait se coller sur son visage et qui prendrait son corps pour t'animer. Quand il parle, sa voix m'est étrangère. Je ne me souviens plus de la tienne, j'essaie du mieux que je peux de me concentrer mais rien y fait, j'ai oublié. Alors je ne l'écoute pas.
     
    L'homme au pas pressé devant moi porte un t-shirt jaune et un sac à dos bleu, avant de traverser la rue il tourne la tête, c'est toi. Tu as grossi et coupé tes cheveux. Je te vois tous les jours, plusieurs fois. Je t'ai vu vieux, femme, touriste, vendeur de cacahuètes, enfant, maigre, chauve. 
     
    À chaque fois un peu flou mais tu es là. Et je te regarde.

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  • "One day,
    whether you

    are 14,
    28
    or 65,

    you will be stumble upon
    someone who will start
    a fire in you that cannot die.

    However, the saddest, most awful truth you will
    ever come to find—

    is they are not always
    with whom we spend our lives."


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    Je n'ai plus de mots. Ils se sont terrés dans le tréfonds, je crois qu'ils ont honte. Je les appelle, ils détournent le regard et se bouchent les oreilles.

    Je n'ai plus de mots. Pour toi. Pour cette histoire qui ne veut rien dire. Et qui n'a pas de fin.

     


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  • #12

     

    La nuit, la neige. L'oncle-requin est inquiet pour son fils embrigadé dans une sombre affaire de secte. Il vient chercher mon père et lui raconte son désarroi. Empathique, papa est déterminé à l'aider. Il dit que dans ce cas extrême la meilleure solution est encore de faire justice soi-même. Je ne suis pas d'accord. Dans le soir très froid, je le vois au loin abattre un homme à coup de hache. Ensuite, ses yeux sont vitreux, vides, son geste l'a anéanti mais maintient qu'il n'avait pas le choix. Je le conduit à la maison en lui demandant s'il a pris soin d'au moins porter des gants, il répond qu'il n'a pensé à rien. Ensuite, l'enquête est ouverte, c'est long, angoisse. La femme de l'oncle-requin, qui a disparu au moment du meurtre, est dans la ligne de mire de la police. Plus tard, un repas de famille. L'oncle-qui-est-mort est attablé avec nous et tout le monde a l'air de trouver ça normal. Ellipse. La famille, toujours, et mon Chigou qui me suit partout, frétillant. J'ouvre la porte du sas d'entrée et là, gît un chien marron et blanc, agonisant. J'appelle maman pour qu'elle prévienne un vétérinaire en urgence. Quand je reviens auprès de lui, il est trop tard.

     

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    L'autre jour et par un grand hasard, je suis tombée sur ce clip.

    Alors ça tombait foutrement bien parce que je cherchais justement une idée de film à regarder, en l'occurence un thriller et The Lovely Bones paraissait (j'ai bien dit : pa-rais-sait) remplir cette attente. Sauf que.

     

     

    Et ce qui m'a conduite à opter pour ce (bien malheureux) choix, c'est ce morceau : Alice de Cocteau Twins. Une madeleine très particulière pour moi.

    C'était un matin d'été de ma tendre post-adolescence, le dernier matin de mon job étudiant. Ce jour-là en m'éveillant, un feu m'embrasait la poitrine.

    Donc, c'était un très matin d'été, je dis très parce que baignait encore l'aube, que c'était super beau et super calme mais qu'aussi et surtout pour souligner l'exceptionnelle ponctualité dont je faisais preuve. Mon coeur tambourinait comme un fou, je guettais ses pas dans la cour et tentais de me calmer en faisant défiler sur mon Ipod tous mes morceaux favoris comme pour bercer le stress envahissant, tenter de l'endormir... en vain.

    Soudain, sa silhouette au loin et ma main qui lui fait signe de me rejoindre, son air surpris et puis son sourire.

    La cour était était encore vide, les rayons du soleil naissants découpaient la forme de nos corps se faisant face de si près pour la première fois. Et si le temps a su flouter quelques aspérités, je me souviens encore précisément de quelques contours et surtout de son regard, de la douceur bouleversante qu'il s'en dégageait.

    J'étais sur le point de réciter le petit monologue préparé pour l'occasion en fixant le sol parce qu'infiniment troublée, quand soudain, dans un large sourire et à ma grande surprise, il initiait la conversation. À peine un peu plus à l'aise, il a pourtant fallu en venir au vif du sujet. Le grand saut, celui qui peut te conduire à la grande claque. Qui était à mon sens la seule issue envisageable, par ailleurs. 

    Bien sûr, avant cela il y a eu quelques timides échanges ponctués ci et là d'agréables sourires mais rien qui ne garantisse quelconque moyen de moyenner quoi que ce soit. C'est donc pétrie d'une témérité improbable que je plongeais dans le bain de l'inconscience.

    En fait, c'est mon dernier jour ici et je me demandais si ça te dit, et seulement si tu peux/veux, que l'on se revoie ?

    Il n'a même pas réfléchi, son OUI était franc, rapide et illuminé d'un sourire encore plus grand.

    Ensuite, nous avons échangé nos numéros de téléphone sur des petits bouts de papier rouge, le stylo glissait entre mes doigts moites et tremblants. Il était là, face à moi souriant et enclin à la conversation, visiblement bien plus détendu que moi qui étais en panique totale. L'issue positive n'avait pas été envisagée, j'étais donc sans bouée.

    Et puis il a fallu regagner chacun nos postes et dans son élan, je l'ai vu un peu plus loin se retourner pour m'adresser un dernier sourire liquéfacteur (madre mia).

    Là, je te laisse imaginer le quart d'heure danse-de-la-joie-ultime qui a suivi, et c'est précisément là, à ce moment M, que passait cette chanson (oui, parce que j'ai une certaine propension à vivre greffée à mes écouteurs depuis de nombreuses années).

    Alice de Cocteau Twins, c'est à tout jamais l'écho d'un souvenir infiniment tendre.

     

     

    Bon, et puis un petit bonus (parce que je l'aime beaucoup aussi et parce qu'il y'a Drew Barrymore dedans) :

     

      


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