• le froid s’est installé. Dehors, le ciel est voilé d’un épais brouillard. C’est un jour où il fait presque nuit. Où il pleut des cordes. Mais c’est un jour où je m’en fous.

    Ce matin, j’ai enfilé ma robe trop grande et mes collants et suis sortie sourire aux passants. Marcher de longues heures et s’enivrer de cet air frais d’un hiver qui s’installe un peu trop tôt.

    Oxford street d’ordinaire noire de monde, a été désertée. L’interminable averse a chassé les passants. Mes pieds nagent dans les flaques d’eau, mes ballerines n’ont pas survécu au naufrage. Mais aujourd’hui je m’en fous.

    Ce matin. Il est réapparu dans ma vie. Et je souhaite que, cette fois-ci. Sauf qu'encore.


    votre commentaire
  • Les trombes d'eau s'abattent sur Londres. La ville dégouline de gris et laisse apparaître son vrai visage aigri, pétri d'amertume, las.

    J'ai voulu l'apprivoiser, l'aimer, en vain. Elle a décidé de nous chasser de ses terres à peine les avons nous foulées.

    Londres est un parfait leurre pour celui qui se complait à la fantasmer. Elle a volé mon envie, elle l'a annihilée.

    Je pensais profiter de cette interlude en terres bretonnes, libre et hors-du-temps, pour faire émerger ce qui, depuis de nombreuses années maintenant, gît et mûrit doucement en moi. Libérer ce flot d'émotions, les coucher sur le papier, leur donner vie.

    Mais il n'en est rien. Je me sens ici comme emprisonnée sur cette île parfaitement détestable.


    votre commentaire
  • Plus on approchait de la maison, plus le malaise se faisait palpable. Ses lèvres remuaient mais je ne percevais plus leur écho. Le regard vague, l'esprit embrouillé, une intuition étrange. 

    T'es sûre que ça va

     J'acquiesce machinalement. 

    Voilà c'est ici, dit-il en se dirigeant vers l'entrée basse et renfoncée du pavillon anglais. Mes tempes cognent et j'esquisse un sourire pour faire diversion. Quelqu'un vient ouvrir. Accolades.

    We're in the backyard, glad to see you tonight

     Nous le suivons dans les couloirs labyrinthiques de la vieille bâtisse jusqu'à l'arrière-cour où se tient une petite fête improvisée. Quelques têtes connues sont attablées, le barbecue fume déjà. Le soir s'installe doucement, des rires éclatent et colorent les mélodies qui s'échappent des haut-parleurs. 

    Là, dans le coin, parmi un groupuscule d'individus, mes yeux se perdent sur quelqu'un que je crois reconnaître. 

    C'est impossible Pas ici Si loin Non c'est pas possible 

     Mes jambes chancellent. L'intuition était donc réelle. Tachycardie. 

    Il faut que je m'asseyes.

    Je n'ose pas croiser son regard, cette étrange situation est déjà particulièrement désagréable. Ses mains, ses gestes, son sourire. Quelque chose en moi lancine, hurle de douleur. 

    Cinq ans ce sont écoulés depuis la dernière fois. Un soir d'automne sous une lune ronde, on s'était emmêlés dans un long baiser avant qu'il ne disparaisse dans la nuit. Il m'avait promis qu'on ne ferait plus la même erreur, qu'on attendrait plus si longtemps, et pourtant, il n'est jamais revenu.

    La vie s'est alors écoulée naturellement, laissant cette idylle mourir dans le souvenir. Un vague sentiment de douceur, légèrement amer.

    C'est complètement impossible

     Nous sommes à des centaines de kilomètres du point de départ, à des années lumières de cette époque révolue, parmi des étrangers dans un milieu qui n'est ni le sien, ni le mien.

    Et il ne porte même pas le même prénom.


    votre commentaire
  • Devant la tristesse insolite du clan morophage pluricellulaire après tout puissant vent des citadelles velues du moment qu'il le dit vorace après-midi du temps où la pluie unique silence avait rompu l'ombre de la mer aux longs violons de l'hiver Que dire d'eux ? Si ce n'est qu'un long murmure entre les eaux ruisselantes d'amertume protéiforme d'un champ aux capacités flamboyantes d'écume sauvage pourri ruisselle amoncelle violoncelle bleu marine torrent label cristallisé de fortune pour un pauvre pélican sans façon ni manière en veux-tu en voilà depuis que je t'ai vu je n'en démords pas recentrer l'esprit sur le corps endormi profilé au sang bas voulant le flot de l'amour voguer vers lui pour la vie c'est si bon jamais n'avait-on dit jambon flic rougeoyant violent et pestilé ça ressort à chaque fois bon sang donne-moi la clé pour te conduire là où je voudrais et toi selon le registre de pensées certaines et sereines volontiers appelle-moi sans inimitié je ne veux que toi le soleil et son coucher sur ta bouche goûter déglinguer l'amertume puissante de ton corps égaré sauf qu'il pensait vomir sur le chien pesant d'or pour un violon récurrent amour haine forcément à chaque fois à chaque pas force et belle de toi puis moi et lui nous vous savez mourir sans direction d'avis différent comment réduire les messages sans volonté pourrais-tu violer mon âme par l'écrin en bas du cheval minuscule qu'on voyait au loin pour ne pas rougir une dernière fois J'aime ces pas froissant le sol boueux après un été glacial ou nuit esseulée et m'arracher de toutes ces qualités que tu décris avec ferveur pour m'épater et forcer le destin qui t'échappe après tant d'années où tu pensais m'échapper Jamais tu ne l'atteindras pour mieux satisfaire ma soif de ronger ton âme et contrôler Enlève la rue des toits où tu rougis pour mieux m'admirer sans conviction certaine depuis des siècles après ton passage chez nous réapparaît dans la splendeur que tu cherchais que je dirai et rappelle-toi l'identité du vieux chat à qui l'on ment pour protéger d'un conte blessant qui l'aura tué s'il n'a pas gagné et vengé le reste pour un puissant fou sans collation et dérive du cauchemar salué par ta venue après quoi je t'apprendrai le désarroi profité du grand pour qui tu te bats avec tant de ferveur sans croire vraiment à qui tu veux savoir sans te blesser pour mieux respirer et te fondre dans le commun des mortels souffler la vie appartient au prophète d'un fou et de son idéologie bête à crever.

    (Archives 2007 ou 2008)


    votre commentaire
  • Vas-y que je refais le coup de l'éternel come back. Grostesque running gag.

    Tout ça, parce que hier, dans un élan nostalgique survenu de nulle part, je réécoutais les vieux Indo. Soudain, un bond dans le passé à l'époque de mes dix-sept ans : Eastpak bleu royal, Vans aux pieds, baladeur K7, tmtc.

    Je n'écoutais que ça. Mais genre en boucle, façon tarée inquiétante. D'ailleurs, à cette période, tous mes proches ont eu un jour l'envie de m'euthanasier, traumatisés.

    En fait, et si je n'explique pas le lien de causalité, ça m'a fait réaliser que le hasard est une grosse blague.

    Et que le devoir de mémoire est fondamental.

    Mémoirisons, donc.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique