• And I met him

    Peut-être que ses prédictions n'étaient en fait que le simple discours d'une mère inquiète pour sa fille qui vacille. Injecter un peu d'espoir dans une vision bornée des choses. En tous cas, elle avait vu juste.

    Et je rejetais complètement cette idée de nouveauté, d'autre chose, d'autre quelqu'un parce que je ne comprenais pas que certaines personnes apparaissent dans nos vies parfois seulement pour nous apprendre quelque chose et puis s'en aller.

    D'ailleurs, lors de notre dernière entrevue au moment de se quitter, il n'avait dit ni aurevoir, ni adieux. Simplement un "Bonne route" qui m'avait franchement déstabilisée. Dieu seul savait à quel point cette formulation faisait tellement sens.

    Et il n'est jamais revenu. Jamais. Et aujourd'hui je suis en paix avec cette idée. J'ai tracé un trait en même temps que j'ai tracé ma route et ne m'en suis jamais sentie plus libérée et surtout heureuse.

    Pour cela, il a fallu traverser un long désert, rencontrer et affronter ses démons. C'était nécessaire. Il a fallu ouvrir la plaie au plus profond pour la soigner, petit à petit.

    Et puis un jour, on considère qu'il est temps. Que toute l'attente et l'énergie injectées dans cette utopie n'ont fait que générer souffrance. Qu'il est à présent suffisant de s'auto-flageller, de croire que l'on a mal géré quelque chose. Seulement non, il ne s'agit pas de cela. Il s'agit d'événements qui ne se produisent pas, parce qu'ils n'ont en réalité aucune raison d'être. Lorsque ça n'a pas marché, que ça ne marche pas, ça ne marchera pas non plus dans un futur plus ou moins lointain. Il s'agit simplement d'une erreur de chemin. Ou plutôt devrais-je dire - d'interprétation de chemin.

    J'ai cru qu'il m'était destiné parce que nos routes n'arrêtaient pas de se croiser, se décroiser, se recroiser, avec intensité. Et avec le temps, j'ai compris que l'amour n'avait rien à voir avec ça. En revanche, sa présence intermittente était une piqûre de rappel, un panneau d'indication "Viens par là, tu te goures de chemin". Tout mon être me poussait à accomplir des choses qui allaient à l'encontre de mes convictions et de mes valeurs profondes.

    J'étais engluée dans une vie qui n'était pas la mienne. Prisonnière d'un personnage qui n'était pas moi. Je singeais ma vie et je crois que je n'en pouvais plus. J'étouffais et ne comprenais pas pourquoi parce que ma vie semblait idéale vue de l'extérieur.

    Et c'est là qu'il est réapparut, pile au bon moment, pour appuyer sur le détonateur qui m'a permis de faire sauter tout ça et de profiter de l'éclat pour partir vers un autre horizon, le mien.

    J'ai mis du temps à comprendre tout ça. Le temps est notre allié, tellement. Dans la douleur, c'est soi que l'on rencontre. Son soi qu'on avait oublié, mis de côté, maltraité.

    Et un jour, on se rend compte que le bonheur ne vient pas comme le vent. Le bonheur est en chacun de nous, à l'intérieur. La paix est au fond de soi lorsque l'on comprend que nous sommes notre seul sauveur. Qu'il n'est question que de point de vue.

    Au moment où l'on fait la paix avec soi, que l'on accepte ses propres failles et surtout ce que l'on est, on commence à entrevoir ce que l'on veut. Et c'est une erreur que de penser qu'il est présomptueux de vouloir. Je veux et je mérite.

    A partir de là, les planètes s'alignent et curieusement, tout semble couler de source. C'est donc ça la clé : dès lors que l'on accepte qui l'on est et que l'on reste fidèle à soi, la route s'ouvre.

    Il est loin d'être évident de laisser certaines choses derrière soi. C'est un travail de deuil, c'est long. Surtout lorsque l'on est borné comme moi. J'étais convaincue du plus profond de mon être que j'avais raison et ça a été la claque. La douche froide, même. Mais aujourd'hui je me réjouis de cette erreur. Parce que même si c'est difficile de reconnaître que ce sur quoi toutes nos croyances étaient fondées depuis de nombreuses années, n'étaient en fait qu'un leurre ; une erreur reste une leçon.

    Et celle-ci a non seulement été pour ma part bénéfique mais avant tout salvatrice. Pour rien au monde je ne souhaiterais revenir en arrière. J'ai divorcé d'avec la nostalgie qui pourtant me collait à la peau. Vivre dans le passé, c'est s'octroyer de vivre dans une souffrance inutile. Le passé ne vivra plus. Il n'a plus grand intérêt, il n'existe plus. 

    Seul compte le présent, l'instant, ce que nous en faisons, le bonheur que nous en tirons. Il ne s'agit pas là de forcément s'évertuer à faire des choses extraordinaires à chaque instant. Mais de s'ancrer dans le présent, de le vivre pleinement sans penser à ce qui aurait peu être ou ce qui devrait advenir. Se faire confiance et faire confiance à la vie.

    Tout arrive à point nommé, sachez-le.

    Le jour où j'ai libéré ces chaînes, où j'ai décidé d'arrêter de souffrir, où j'ai compris que je n'avais pas besoin des autres pour suffire à mon propre mon bonheur, ce jour-là j'ai laissé entrer l'idée de nouveauté, d'autre chose et d'autre quelqu'un.

    Ce jour-là, vers presque dix-sept heures, il faisait déjà sombre dehors et c'était un soir de Super Lune. Je me suis toujours sentie connectée à cet astre, passionnée par ses métamorphoses et son influence sur les êtres vivants.

    Ce jour-là, je terminais une journée de travail quelque peu rocambolesque où ma boss s'est pointée au boulot avec une paire de solaires pour cacher un oeil au beurre noir, où il a fallu gérer une inondation de salle de cours ainsi qu'un fight entre plusieurs étudiants.

    Ce jour-là, je m'attendais à tout sauf à ça. Et puis vers presque dix-sept heures, quelqu'un a sonné à la porte.

    Je me suis levée pour aller lui ouvrir et là, derrière la vitre se tenait le tall dark stranger

     


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :