• #6

    La nuit tombe et précède une journée annoncée caniculaire. La maison est animée, des silhouettes plus ou moins familières se réunissent dans une atmosphère festive. J'aperçois un homme près de l'entrée et vient l'accueillir en lui faisant la bise, sans trop me poser de questions quant à son apparence très négligée. Je me rends compte qu'il est effectivement ivre et qu'une odeur de charogne émane de ses guenilles. Il titube et tient un couteau dans sa main, il veut couper des arbres (sic). Mon père vient me dire que ce type n'est pas du tout invité, qu'il s'agit probablement d'un clochard et qu'il faut le foutre dehors poliment. Écoeurée, je veux me laver le visage. Plus loin, un frère et sa soeur à rollers, chantent et virevoltent. Tout le monde est transcendé par ce spectacle. Et plus particulièrement par le garçon à la voix d'or. Ma mère insiste pour essayer les patins et se retrouve à tournicoter follement sur une table. De mon côté, je suis obsédée par mon chien : il faut l'hydrater, ils ont prévu la canicule. La moitié masculine du binôme patineur vient me confirmer que son Iphone lui indique 36°C. Sa voix est envoûtante, comme s'il chantait en parlant avec un timbre surnaturel. La nuit est tombée, le repas est servi dans le jardin, il faut respecter le plan de table. Le mec aux rollers vient me détailler son album sorti sous forme de dyptique vert pomme, avec deux parfums en bonus à l'intérieur (l'un féminin à l'image de sa soeur et l'autre, masculin), distribué par les magasins All Saints. Kinou cherche à attirer son attention et fini par lui dire qu'il n'a aucune chance avec moi car je suis mariée. Plus tard, je la rejoins sur le muret et nous contemplons la lune. Diouke passe furtivement près de nous et saute du muret. Au même moment Kinou est violemment projetée. En de ça de nous, trônait un de ces bancs de parc, vert sapin et perforé. Elle tombe en plein dessus, passant au travers, sa tête s'enfonçant dans un des petits trous. Sur le coup, je trouve ça drôle. Je me lève et vois son corps étendu, inerte. Je crie en boucle, avec rage et douleur : "Kinou revient !". Mon père se précipite auprès d'elle. Kinou finit par sortir de son coma en hurlant à son tour "Kinou revient !". Dans sa chute, elle a perdu ses cheveux qui forment une perruque grisâtre abandonnée sur le sol. Elle arbore désormais un crâne glabre. Perplexe, j'annonce : "Le scénariste est vraiment nul, on ne perd pas ses cheveux en tombant". Mon père teste son degré de conscience en lui posant un tas de questions. Elle lui répond qu'elle ne voit plus mamie ni les checkouts (sic). Elle ajoute qu'elle n'entend plus rien. Sa perception devient mienne et le son est sourd, distant, brouillé comme une mauvaise fréquence radio. Ellipse. Tout le monde est attablé. Ma cousine Gad marmonne une chanson qui émeut la tante refaite. Cette dernière reprend les paroles, la larme à l'oeil, en avalant une tranche de jambon. Gad évoque nos souvenirs d'enfants et soumet l'idée d'un jeu. Entousiasmée par cette proposition, j'entonne un enjoué : " Oui !!! Faisons tous un jeu !".


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  • #5

    Le selfie d'une blogueuse mode, très enceinte. La confusion entre la grossesse et l'obésité est perplexisante. Pose langoureuse. Obscène. Elle porte un pull fin en mohair rose qui ne lui couvre que la poitrine, très transparent, sur un petit top blanc qui moule l'ensemble de son volume massif et difforme. Elle souligne sa photo d'un "C'est le moment ou jamais de porter ce petit pull d'enfant". Quelqu'un commente : "Je crains que ça ne soit des triplés". L'image se déforme et l'on voit distinctement deux foetus se former sous la peau de son gros ventre.


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  • Vas-y que je refais le coup de l'éternel come back. Grostesque running gag.

    Tout ça, parce que hier, dans un élan nostalgique survenu de nulle part, je réécoutais les vieux Indo. Soudain, un bond dans le passé à l'époque de mes dix-sept ans : Eastpak bleu royal, Vans aux pieds, baladeur K7, tmtc.

    Je n'écoutais que ça. Mais genre en boucle, façon tarée inquiétante. D'ailleurs, à cette période, tous mes proches ont eu un jour l'envie de m'euthanasier, traumatisés.

    En fait, et si je n'explique pas le lien de causalité, ça m'a fait réaliser que le hasard est une grosse blague.

    Et que le devoir de mémoire est fondamental.

    Mémoirisons, donc.


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