• Il avait fini par l’appeler. Comme il n’avait plus de nouvelles et qu’il mourait d’envie de la revoir. Après avoir imaginé mille choses à son sujet, ses doigts avaient devancé sa raison et pianoté le numéro de cette fille qui l’intriguait, sans qu’il eut le temps de réfléchir à ce qu’il allait bien pouvoir lui dire.

    Ce soir, la lune baigne la ville d’une lueur pâle et il fait froid. Dans son anorak, il attend que vingt et une heures sonnent, il fait les cent pas. Il ne veut plus penser de peur de s’interroger sur des détails sans intérêt qui viendraient troubler son enthousiasme.
     
    Dans quelques instants, elle paraîtra sur le pas de la porte. Sa baraque est immense, pense-t-il en donnant des coups de pieds nonchalants dans le gravillon qui jouxte le pavillon de banlieue.
     
    Dans l’obscurité de cette nuit d’automne, on aperçoit le feu rouge d’une cigarette. Il est anxieux, regarde sa montre. Il distingue difficilement les aiguilles. Vingt-et-une heure sont passées.
     
    Il n'a même pas entendu les pas foulés de sa belle sur le sol qu’il fait grincer depuis un bon moment. Elle s'approche et sourit, il ne peut pas le voir dans les ténèbres mais il le devine. Il s’étouffe entre deux bouffées du mégot qui finira par mourir sur le sol sous ses gros godillots.
     
    Il aurait aimé au moins un Bonsoir, mais elle reste muette. Ils sont là, enveloppés par une nuit glacée, sans ne distinguer que leurs deux silhouettes.
     
    Ils n’ont rien à se dire, le silence qui pèse est plus éloquent que les mots. Elle avance, il la suit. Des nuages passent sur l’astre de nuit, on y voit plus rien du tout. Il la sent grelotter et l’entoure de son écharpe.
     
     

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires